Chers tous,
Cette semaine une version un peu plus courte. La grande nouvelle de l’époque, sans évoquer la pandémie (merci), c’est probablement ce qui est en train de se passer aux Etats-Unis, avec un Biden qui pourrait être en quelque sorte le nouveau Roosevelt.
Si l’Occident a bel et bien vécu cette année sa première défaite systémique, l’Amérique n’a probablement pas dit son dernier mot, avec les 100 premiers jours de l’Administration Biden qui ressemblent quand même beaucoup à un New Deal où, magie, les actes précèdent presque les paroles.
Dimanche Seven aborde beaucoup la transformation digitale des économies. Or sans investissements lourds dans les infrastructures et la connaissance, la puissance est un peu chimérique quand même. D’où la révolution fiscale en cours pour dégager plus de ressources publiques afin de pouvoir injecter mieux et plus dans la plus grande économie du monde.
Prenez soin de vous, bonne fin de week-end,
Grégory
Franklin Delano Roosevelt, 32ème président des Etats-Unis
💸 A Better Corporate Tax for America (Wall Street Journal, 040721)
Par Janet Yellen, United States secretary of the treasury
📝 Ce qu’il faut retenir de cette tribune de Janet Yellen sur la révolution fiscale in the making aux Etats-Unis.
L’objectif de la nouvelle Administration de Washington est clair, net, et précis : “Our plan reverses the mistakes of 2017 and puts the U.S. on a path to sustainable prosperity”.
Après les réformes de 2017, le fameux TCJA (Tax Cut and Jobs Act) les impôts sur les sociétés US ont atteint leur niveau le plus bas depuis la Seconde guerre mondiale : 1% du PIB, avec de nombreuses entreprises ne payant juste * aucun * impôt fédéral !
La prémisse de la baisse de l’impôt était simple : augmenter la compétitivité, ce qui augmenterait la production, etc. On connait la chanson comme dit le film ;) Sauf que tous les pays se sont mis à faire la même chose. Résultat : pas d’avantage compétitif pour l’Amérique.
Janet Yellen décrit un broken system, avec même un incentive pour faire plutôt taxer ses profits à l’étranger (où les taux peuvent être inférieurs aux 21% américains) :
“The TCJA not only perpetuated this race to the bottom; it also put America at a disadvantage. The law creates an incentive for U.S. companies to offshore their workers and investments—and to shift their profits to tax havens. One reason is the minimum tax on the foreign profits of American multinational corporations.”
Conclusion : c’est un système déficient, avec un Etat fédéral en manque de moyens pour financer les public goods qui font la superbe d’une nation (les infrastructures, la R&D, l’éducation, and so on).
“We want to change the game” dit la Secrétaire au Trésor.
“Last week, the president announced a series of proposals that, collectively, do exactly this: They enter the U.S. into a new, smarter form of competition. America will compete on our ability to produce talented workers, cutting-edge research and state-of-the-art infrastructure—not on whether we can have lower tax rates than Bermuda or Switzerland.”
Et ce ne sont pas que des mots. The Made in America Tax Plan vise notamment à éviter l’offshoring des profits, avec un système consistant à établir un taux de taxe minimum se calculant par pays et non sur une base globale : “That way, corporations can’t shift profits around the world to minimize their tax bills.”
Pour Mme Yellen la beauté du modèle réside notamment dans la fin de la course infernale au dumping fiscal entre les nations. Les impôts ainsi payés par les entreprise finançant la course à la compétitivité, comme nous l’expliquions la semaine dernière au sujet du méga-plan Biden pour les infras (routes, ports, ponts, internet à haut débit, grid énergétique propre, etc). : +400 mds $ de richesse nationale d’ici 2024 selon Moody’s.
🧙🏻♂️ Chapeau bas : un plan alliant hauteur de vue et puissance d’exécution pour construire une économie avec des fondamentaux solides. Une vélocité impressionnante aussi. L’Amérique a de (très) beaux jours devant elle avec ce New Deal version économie 21ème siècle.
💰 Spac boom under threat as deal funding dries up (Financial Times, 040921)
Par Ortenca Aliaj et Aziza Kasumov
📝 Déjà une nouvelle saison pour les SPAC ?
La source de financement pour les SPAC se tarit. En l’espèce, les capitaux Pipe (private investment in public equity) sont visiblement moins attirés par leur financement.
En cause : des valorisations qui explosent et le nombre trop limité de deals à réaliser.
Le cash des Pipe provient de gros investisseurs institutionnels comme Fidelity et Wellington, mais c’est un investissement très peu liquide.
Concrètement : une fois un SPAC coté, il re-lève du capital auprès d’investisseurs Pipe pour financer ses acquisitions.
Or seuls 25% des SPAC levés depuis 2019 ont procédé à une acquisition (FYI si on ne fait pas deals avant un certain temps on doit liquider le SPAC et retourner le capital initial).
S’il y moins de capital Pipe pour réaliser les deals, ces derniers vont avoir plus de levier pour négocier une part plus importante des SPAC post-deals. Plus généralement on va avoir un “flight to quality”.
Résultat entre difficulté à réaliser des deals, valorisation, et refroidissement du côté des financements Pipe, dans les 7 premiers jours d’avril on a “seulement” vu 4 SPAC introduits en bourse versus 41 durant la première semaine de mars et 28 en février.
🏹 Amid the Pandemic, Hedge Funds
Grapple With Investments in
New Tech and Alternative Data (Institutional Investor, 040621)
Par Jessica Hamlin
La pandémie a digitalisé le monde comme jamais. Néanmoins, seulement 50% des gérants de hedge funds investissent dans les technologies (investir non pas en stocks mais au sens d’acheter un ordinateur ou un logiciel, etc.).
Les 50% qui s’y intéressent se focalisent sur les alternative data.
Le facteur dominant, ce qui n’est pas surprenant, est la taille. En gros, à moins de 1 mds $ sous gestion il n’y a pas vraiment d’investissement dans les nouvelles technologies. Au-delà, oui.
Vous allez me dire, pourquoi ce gap ? Je vous répondrai par l’or noir de l’âge digital : la data. Plus vous êtes un gérant important plus vous savez que faire des données.
“Kehoe said he attributes this division to the capabilities of large firms to use data. While such firms may be able to fund alternative data projects, small firms may not be able to manage the expenses of data scientists, platforms, and third-party providers.”
Néanmoins une tendance lourde va consister naturellement en un usage croissant des données par les gérants.
🧙🏻♂️ On sait que de plus en plus de mega hedge-funds, comme Citadel, sont désormais autant des sociétés financières que des sociétés technologiques, avec un usage croissant des data scientists. Les hedge funds ont toujours eu pour spécialité de mieux utiliser la donnée publique que les fonds traditionnels. L’intelligence artificielle fournit à cet égard un hedge extraordinaire. La convergence entre Wall Street et la Silicon Valley ne fait que commencer, for sure, et tant mieux pour les jeunes diplômés.
✒️ Substack confirms $65M raise, promises to ‘rapidly’ expand its financial backing of newly independent writers (TechCrunch, 033021)
Par Alex Wilhelm
📝 Notre plateforme préférée a levé 65 millions de dollars. Qu’est-ce-que ça dit ?
Il y a quelques jours, la plateforme de news (excellente) Axios, a annoncé que Substack avait réalisé une nouvelle levée de 65 m$.
Le lead investor est le titan de la Vallée, le fonds Andreessen Horowitz (a16z), que je ne présente plus : ça fait déjà un an là ;)
Pour rappel, Substack, que j’utilise ici en version gratuite, est une plateforme permettant aux writers de publier des contenus (gratuits ou payants). Certains en vivent, et cela a attiré beaucoup de journalistes professionnels qui deviennent ainsi free lance mais à leur propre compte.
Confer la passion economy.
Cette levée financera Substack Pro, où Substack rémunère un an les auteurs pour les aider à lancer leur publication (leur laisser le temps de devenir indépendants quoi).
Bien-sûr cet espace des newsletters devient de plus en plus compétitif : Twitter et Facebook s’y essayent, mais aussi les startups Pico et Ghost.
Et comme le dit le journaliste de Tech Crunch quelle joie de voir ce retournement de situation que l’on pourrait appeler : *** la revanche des littéraires ***
“After what feels like decades in which online writing was devalued to commodity prices, we’re startling to find ourselves in a world where various well-financed companies are competing for our pens.”
Merci pour votre attention ;)