Chers tous,
Déjà commençons par un peu de self-care : nous avons repris nos bonnes habitudes en enchaînant 5 éditions de D7 — et cela devrait en être ainsi chaque semaine en 2022. D’abord car faire croître notre communauté est une de nos priorités stratégiques mais aussi car, comme dit Sun Tzu, “tout le succès d'une opération réside dans sa préparation”.
A ce propos, dès la rentrée, Dimanche Seven fonctionnera davantage à la façon d’un syndicat (avec une coordination et cohérence éditoriale globale que l’on gérera avec Sacha), avec l’élargissement du cercle des éditeurs à une demi-douzaine de plumes acérées dont l’humilité n’a d’égal que l’esprit. Si ma génération demeura représentée, il est temps de faire monter en puissance nos amis de la génération Z. Plaisir d’écrire (et de partager).
On dit au-revoir à l’année 2021 le cœur probablement moins amer qu’à 2020. Personne ne nous a enfermés aussi durement qu’en 2020, et quand bien-même cela devait se reproduire, nous sommes tous désormais des confinés, des voyageurs, des entrepreneurs, des travailleurs, des amis, des family members, des amoureux aguerris. Et même si l’on est plus souvent cas contact qu’invité à un dîner, même si l’on doit reporter un peu plus le masque, même si on doit faire un test un jour sur deux (voire tous les jours en ce moment), même si on a l’impression de revivre le mythe de ce pauvre Sisyphe, j’évoquerai (encore) mon philosophe préféré, Nietzsche : 1) “Ce qui ne tue pas rend plus fort” et 2) il faut vivre avec en tête l’idée de “L’éternel retour” (i.e. si on revit perpétuellement la même expérience, autant être heureux !). C’est aussi cela la leçon de morale du virus : don’t worry, be happy.
Et cette année a ainsi été l’opportunité de se retrouver avec celles et ceux que l’on aime et que l’on aimera, des voyages joyeux aux tablées qui chantonnent, des discussions animées (mais pas trop de politique please) aux découvertes littéraires, etc. Si, contrairement à beaucoup de pronostics, il semble il y avoir un grand gagnant de ces temps, c’est l’Amitié plus qu’autre chose. Je tiens à remercier du fond du coeur tous ces amis qui ont fait que cette année qui s’était ouverte sur un triste crépuscule se referme sur une superbe aube. J’ai envie d’appeler cela “l’esprit de Venise”.
Enfin cette année aura naturellement été celle de la bascule technologique : on a désormais presque tous acheté des crypto-monnaies et notre premier NFT et bientôt nous aurons nos premiers terrains dans le méta-verse. Le Web3 pourrait supplanter le Web2 et quand bien-même le FOMO n’est jamais un bon conseiller financier, on ne peut nier que quelque-chose se passe.
Comme 2021, 2022 nous réservera plus ou moins de surprises (qui n’en sont jamais vraiment — ce que The Economist appelle cette semaine “Predictable Unpredictability”) de l’éventuelle hausse des taux à des marchés boursiers chamboulés pour de bon, le tout sur un fond d’inflation persistante, notamment dans le secteur stratégique de l’énergie. “Hope for the best, plan for the worst” comme on l’entend dans Jason Bourne. Et bien-sur, acte manqué, j’allais oublié les élections françaises !
Enfin, une pensée pour toutes celles et ceux qui nous ont quitté cette année et sans qui rien ne sera plus pareil, spécialement notre mère, à qui je dédie cette dernière newsletter de 2021.
Amitiés et très belles fêtes de fin d’année,
Grégory
© Anselm Kiefer © Grand Palais — “Für Paul Celan das Geheimnis der Farne” (détail) . Photo : Georges Poncet
Pour rappel, exposition Kiefer au Grand Palais Ephémère jusqu’au 11 janvier prochain. Courrez-y.
⛴️ Les grands armateurs en passe de devenir des géants mondiaux de la logistique (Le Monde, 23.12.2021)
Par Julien Bouissou
Effet de bord de la hausse des taux de frets et de la complexification du marché de la logistique, les géants du “shipping” sont en passe de devenir par la même occasion des acteurs majeurs de ce secteur clé de l’économie.
Quelques deals-révélateurs :
Le danois A.P. Moller-Maersk va racheter pour 3,6 milliards de dollars le groupe chinois LF Logistics - lui ouvrant ainsi les portes de l’Asie grâce à ses entrepôts et ses camions. En novembre, le même acteur rachetait la compagnie de fret aérien Senator : l’idée est de pouvoir mieux encore servir les clients, et palier aux limites du transport maritime.
Le géant français CMA-CGM, après avoir acquis le logisticien suisse Ceva en 2019 a annoncé un important rachat aux Etats-Unis pour 2,65 milliards de dollars, et ce après l’acquisition du troisième terminal portuaire de LA pour 2,3 milliards de dollars.
Le groupe italo-suisse MSC est pour sa part rentré en négociations exclusives avec le groupe Bolloré pour le rachat de sa filiale africaine (terminaux portuaires, concessions ferroviaires et les entrepôts).
“Pour les armateurs qui veulent régner sur mer comme sur terre, les ports sont devenus des infrastructures-clés afin d’assurer une continuité logistique.”
A noter que cette vague de consolidation transport / logistique est le fruit d’une double méga-tendance : 1) mieux servir ses clients, spécialement dans le contexte actuel de tensions des chaînes de production et d’approvisionnement et 2) des profits records pour les armateurs en raison de la très forte hausse des taux de fret (“En un an, le prix moyen de transport des conteneurs a bondi de 169 %, selon l’indice World Container Index.”)
Résultat des courses : le résultat net trimestriel de CMA-CGM a par exemple décuplé à 5,6 milliards de dollars quand Maersk a annoncé des revenus de juillet à septembre de 16,6 milliards de dollars (record historique).
💰💱 Private equity groups spend $42bn buying companies from themselves (Financial Times, 24.12.2021)
Par Kaye Wiggins
Cet article vraiment très intéressant du FT met l’accent sur les fonds de continuation (“continuation fund”) où un fonds d’investissement se vend à lui-même un actif. Concrètement un fonds gère plusieurs véhicules et l’idée est que l’ancien véhicule vende dans cas précis l’actif à un nouveau véhicule. Comme dit Lampedusa “il faut que tout change pour que rien ne change”.
Historiquement une niche, ce type de deals a atteint 42 milliards de dollars cette année - et cela devrait continuer ainsi, générant en général des profits importants pour les gestionnaires (on garde le 20% de part des profits générés plus les frais de gestion). On estime que cette ancienne niche devrait représenter pas moins de 400 milliards de dollars d’ici 10 ans ! A regarder de près donc.
Quel intérêt de procéder ainsi ? On garde la main sur un actif que l’on connait bien tout en respectant les contraintes de temps des différents véhicules (on désinvestit l’ancien pour rendre l’argent aux investisseurs et on commence le déploiement du nouveau — tout le monde est content).
Si certains évoquent de potentiels conflits d’intérêts, les fonds semblent de plus en plus adeptes de ces deals (qui posent un autre problème : moins de deals de M&A classiques avec des processus d’enchères impliquant — et rémunérant — toute l’industrie financière).
Quelques exemples :
Le prestigieux Clayton, Dubilier & Rice (“CR&R” dans le jargon) a vendu une part de Belron (la société qui possède Carglass) à un nouveau fonds maison en décembre.
Le non-moins prestigieux General Atlantic (“GA” dans le jargon) a vendu 4 actifs à son fonds de continuation en juillet.
🖼️ Instagram surpasses 2 billion monthly users while powering through a year of turmoil (CNBC, 14.12.2021)
Par Salvador Rodriguez
Malgré les controverses qui ne nous ont pas échappé, Instagram (“Insta” pour les intimes) a dépassé la barre magique des 2 milliards d’utilisateurs actifs (le plus grand pays du monde en population par exemple — la Chine est à 1,4 milliards).
Il aura fallu 3 ans à notre application favorite pour passer de 1 à 2 milliards (dans ces ordres de grandeur c’est admirable).
Acquis pour (on a envie de dire “seulement”) 1 petit milliard de dollars en 2012 (lancé en 2010), Instagram est désormais au coeur de la stratégie de Meta (a.k.a. Facebook) qui a consisté pour Zuck a aller du web vers le mobile (web2), alors qu’il veut aller désormais vers le web3 (hors c’est cher).
Garder Instagram comme véhicule de croissance (alors que celle de Facebook s’érode : 30% de croissance des users sur la période où Instagram doublait) est crucial pour Meta.
En effet, dans le game of thrones des réseaux sociaux, la concurrence s’intensifie, spécialement auprès des jeunes totalement fans de TikTok. Et c’est de cette “cible commerciale” qu’est venue la controverse sur laquelle enquête notamment le Congrès : Meta n’en fait pas assez contre l’éventuelle adiction des jeunes à ses applications.
“According to findings of a survey published last month by Forrester, 63% of Americans between the ages of 12 and 17 used TikTok on a weekly basis this year, compared with 57% for Instagram. In terms of downloads, TikTok was installed 596.1 million times globally this year across Apple and Google devices, topping 570.7 million installations for Instagram, according to SensorTower.”
🎷 Crypto Attracts More Money in 2021 Than All Previous Years Combined (Bloomberg, 19.12.2021)
Par Crystal Kim
On parle de plus en plus de cryptos dans D7. Et pour cause. Les VC non plus ne s’y sont pas trompés ;) Ils ont ainsi injecté 30 milliards de dollars dans cette industrie et ses différents composantes années cette année — plus que toutes les années précédentes combinées. Waou effect.
Mais laissons parler un VC (Spencer Bogart de Blockchain Capital).
“We’ve moved beyond just digital gold. We’ve got financial services, art, gaming as a subcategory of NFTs, Web 3.0, decentralized social media, play-to-earn — all of that made investors think, `We don’t have enough exposure,’”
De niches, certains secteurs, comme les NFT, sont ainsi en passe de devenir mainstream. Et c’est ce que les investisseurs en technologies ne veulent pas rater comme le dit un analyste de l’excellent PitchBook :
“Investors are funding anything and everything,” PitchBook analyst Rob Le said.
Quelques exemples des fonds de VC en question : Coinbase Ventures, Andreessen Horowitz (bien-sûr), Polychain Capital, Electric Capital, ou encore Digital Currency Group (je suis très fan de tous ces noms).
Et petit rappel des thématiques : les DAO (decentralized autonomous organizations) et les NFT, les Decentralized Social Media, et le Blockchain & Gaming.
Petit conseil au lecteur (car ça va très vite, avec un capital considérable déployé et accumulé en parallèle des secteurs plus classiques de l’économie, y-compris digital) : un peu comme quand on apprend une nouvelle langue, la crypto il faut en faire un peu chaque semaine pour ne pas prendre trop de retard.
🌌 Nasa launches $10bn James Webb space telescope (The Guardian, 25.12.2021)
Par Robin McKie
Sans jeu de mots aucun, c'est peut-être le plus beau des cadeaux que se sont offerts les passionnés de l’espace hier avec le lancement réussi du téléscope à 10 milliards de dollars James Webb (du nom d’un ancien administrateur de la NASA si, comme moi, vous vous posiez la question).
Lancé par Ariane 5 depuis le centre spacial de Kourou, James Webb est le remplaçant de Hubble. C’est la machine de tous les records, la plus complexe de l’histoire de l’humanité dit-on.
“Described as a “time machine” by scientists, the telescope will allow astronomers to study the beginning of the universe shortly after the big bang, 13.8 billion years ago, and to hunt for signs of life-supporting planets in our own galaxy.”
Surtout, James Webb est considérablement plus performant et puissant que son prédécesseur Hubble :
“For a start, it will not study the visible part of the electromagnetic spectrum – as does the Hubble and most ground-based telescopes – but only infra-red radiation.”
L’idée est donc a priori simple : mieux comprendre l’univers et notre place dans ce-dernier (on dirait, encore, du Spinoza). Ainsi dit Bill Nelson, l’administrateur actuel de la NASA :
"“It’s going to give us a better understanding of our universe and our place in it: who we are, what we are, the search that’s eternal.”
Construit par la NASA en coopération avec les Européens et les Canadiens, James Webb pourrait nous permettre de comprendre la formation des premières galaxies après le Big Bang, comment naissent et meurent les étoiles et bien-sûr l’éventualité de l’existence d’une vie extraterrestre (peut-être la news que l’on attend pour tourner la page actuelle ?).
Merci ;)